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Le diocèse de Sion met en œuvre son plan d’action pour mieux gérer les cas d’abus sexuels

L’Eglise veut mettre les victimes au centre de toute démarche afin d’améliorer, notamment, son dispositif d’écoute défaillant

L'évêque de Sion Jean-Marie Lovey (au centre) le 11 juin 2024. — © LOUIS DASSELBORNE / KEYSTONE
L'évêque de Sion Jean-Marie Lovey (au centre) le 11 juin 2024. — © LOUIS DASSELBORNE / KEYSTONE

Le diocèse de Sion met en œuvre son plan d’action pour gérer les abus sexuels. Annoncées en juin, les mesures détaillées mardi dans un communiqué visent à mettre la victime au centre de toute démarche. L’objectif est de professionnaliser le dispositif d’écoute, d’améliorer l’archivage et la prévention ainsi que la collaboration avec les associations de défense des victimes.

Concrètement, les personnes qui réceptionneront les dénonciations pour la partie francophone du diocèse seront formées en la matière à l’Institut catholique de Paris tandis qu’un code de bonne conduite destiné à prévenir tout mécanisme d’emprise sera présenté aux agents pastoraux. Un nouveau flyer, intitulé «Osons en parler!», détaille les quatre principaux lieux qui peuvent «écouter, soutenir ou orienter» les victimes d’abus sexuels au sein de l’Eglise. Le document est diffusé dans les paroisses, précise le diocèse.

«Inertie institutionnelle» et «accueil intimidant»

Ces mesures découlent de la publication et de la présentation en juin des résultats de l’audit externe confié au cabinet Vicario Consulting sur la gestion des abus sexuels au sein du diocèse de Sion. Le rapport pointait du doigt l’accueil «intimidant, déroutant et peu soutenant» de l’institution catholique au moment d’entendre les victimes, ainsi que «l’inertie institutionnelle dans le traitement des dossiers et l’absence de proactivité dans le suivi».

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En réponse, le diocèse de Sion avait promis la mise en place d’un plan d’action. «Nous voulons mettre la victime au centre de toute démarche, car c’est à elle qu’il faut penser d’abord», avait indiqué le vicaire général Pierre-Yves Maillard.

Cet audit avait également recueilli «plusieurs témoignages concomitants troublants» qui laissent à penser qu’au sein de la paroisse de Fully, entre 1929 et 1983, sous l’égide d’un curé, «des problématiques d’abus sexuels auraient pu être perpétrées».

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Mardi, le diocèse de Sion précise que les contacts se poursuivent également avec la chaire d’histoire de l’Eglise de l’Université de Fribourg pour le lancement d’une étude historique sur cette situation.

Résultats de l’audit sur St-Maurice attendus l’année prochaine

L’évêque et son conseil épiscopal ont mandaté cet audit indépendant en novembre 2023. Celui-ci ne prend pas en compte l’abbaye de St-Maurice. qui ne dépend pas du diocèse de Sion mais directement du Vatican. L’abbaye a, elle, mandaté un groupe de travail indépendant qui doit effectuer un travail similaire. Les résultats sont attendus pour la mi-2025.

Ces audits s’inscrivent à la suite de l’étude pilote de l’Université de Zurich, mandatée par trois organes catholiques dont la Conférence des évêques suisses (CES). Les chercheurs ont dénombré 1002 situations d’abus sexuels en Suisse depuis le milieu du XXe siècle. Selon eux, il ne s’agirait que de la pointe de l’iceberg, la plupart des cas n’ayant pas été signalés et les documents ayant été détruits.

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