Morat-Fribourg, la nonagénaire frétillante
Pour sa 90e édition, la plus ancienne course à pied de Suisse s’est approchée de son record d’inscriptions pour la première fois depuis bien longtemps. Peut-être parce qu’elle s’est remise en quête d’innovation, draguant notamment les amateurs de trail
Dans le train vers Morat, une quadragénaire dit à son amie qu’elle est en forme, «même si Michel a cuisiné la chasse hier soir et que, bon, y a eu un coup ou deux de rouge». L’autre rigole et avoue que les courbatures du semi-marathon de la semaine dernière n’ont pas fini de l’embêter, «mais ça ira après l’échauffement – sûrement». Dans le compartiment voisin, deux joueurs de football – les trainings ne trompent pas – annoncent humblement leur objectif de «battre les Kényans», peut-être même «en courant en marche arrière», et ils se marrent: «On va déjà essayer de finir sans trop se mettre dans le dur…»
Morat-Fribourg, la plus ancienne des courses à pied du pays, a vécu ce week-end sa 90e édition et elle produit année après année ce genre de scènes immuables. Il y a aussi les Guggenmusik pétaradant au passage des concurrents au pied de la Sonnaz, si redoutée montée située peu avant le 12e des 17,170 kilomètres du parcours. Les élites dépassant les amateurs comme des formule 1 sur une autoroute. Les tables dressées par les riverains pour faire agape en profitant du spectacle. Le vainqueur brandissant une branche de tilleul en franchissant la ligne d’arrivée. Le succès populaire, lui, ne s’est pas toujours maintenu au même niveau.