Le bon copain Gianni Infantino
L’ampleur de l’affaire, confiée au parquet de Fribourg, dépasse largement les frontières helvétiques de par le profil et le poste de Véron Mosengo-Omba, naturalisé suisse. Secrétaire général de la CAF, ce dernier est dans les petits papiers d’un certain Gianni Infantino, président de la FIFA. Pour comprendre les liens étroits que les deux hommes entretiennent, il faut remonter dans le temps. En 1980, Véron Mosengo-Omba fuit le Congo et la dictature de Mobutu pour la Suisse. Il passe par l’équipe réserve de Xamax à Neuchâtel, suit des études de droit à l’Université de Fribourg, où il fait la connaissance de l’actuel patron du football mondial. Les deux futurs dirigeants finissent de parfaire leur cursus au Centre international d’étude du sport à Neuchâtel.
A l'occasion d'une interview en début d’année, en marge de la Coupe d’Afrique des Nations, nous rappelions les liens unissant les deux hommes: «Lorsque [l’Italo-valaisan] est élu à la présidence de la FIFA en 2016, son ami le suit à Zurich. Il est d’abord nommé directeur des associations membres pour l’Afrique (un poste qu’occupe aujourd’hui le Valaisan Gelson Fernandes) puis chef de toutes les associations membres de la FIFA. En mars 2016, peu après l’élection à la présidence de la CAF du Sud-Africain Patrice Motsepe, pour lequel Gianni Infantino a mené une campagne intense sur le terrain, Véron Mosengo-Omba est nommé secrétaire général de l’instance du football africain basée au Caire.»
Gotham City mentionne encore le fait que le secrétaire général de la CAF est visé par d’autres accusations, relayées par Jeune Afrique, pointant des problèmes de gouvernance au sein de l’instance basée au Caire. Une commission d’audit interne a été jusqu’à demander la suspension du Congolo-suisse à fin septembre, cette dernière ayant constaté des irrégularités dans le recrutement d’une consultante externe et des tentatives d’influencer son travail. Cette même commission aurait encore «désapprouvé les états financiers de la CAF arrêtés au 30 juin 2023 et le rapport de l’auditeur externe, invoquant l’existence d’une enquête sur de possibles dysfonctionnements concernant les subventions de la FIFA», précise encore Gotham City.
Le parquet fribourgeois dans ses petits souliers
Les secousses de cette affaire semblent embarrasser le parquet fribourgeois, qui a tenté de pousser le dossier plus loin en demandant au Ministère public de la Confédération (MPC) de reprendre la procédure le 12 mars 2024. «L’impact [des soupçons visant Véron Mosengo-Omba] serait d’autant plus important sur la réputation de la Confédération au vu du parcours professionnel et académique du prénommé en Suisse», s’inquiète l’instance fribourgeoise, qui poursuit, citée par le TPF: «Les soupçons quant à l’utilisation, par l’intéressé, de sa relation bancaire auprès de la banque C. pour déposer les liquidités résultant de l’infraction de corruption privée, entacheraient fortement, dans l’hypothèse où ils venaient à être confirmés, la réputation de la Suisse au vu de l’important procès médiatique qui s’ensuivrait.»
Le Ministère public de la Confédération a refusé la demande du parquet fribourgeois, qui s’est tourné vers le TPF. Ce dernier n’est pas entré en matière, jugeant que «des actes d’enquête supplémentaires s’avèrent nécessaires».