Les droits populaires valent mieux qu’un clic
OPINION. Récolter des signatures en ligne pour résoudre le problème des fausses signatures est une très mauvaise idée, s'insurge l'ancien conseiller national (PS/VD)Jean Christophe Schwaab, pour qui le technosolutionnisme a encore frappé
Les fraudes des entreprises de récolte de signatures rémunérée ont ébranlé plus d’un citoyen soucieux de l’intégrité des droits populaires. Malheureusement, les solutions se sont vite dirigées vers un gadget auquel pratiquement personne ne voyait de réel intérêt quelques semaines plus tôt: la récolte de signatures en ligne, ou e-collecting. Une alliance transpartisane s’est mobilisée aux Chambres fédérales pour demander un projet pilote de récolte numérique, présentée comme la panacée.
Disons-le tout net, c’est un nouvel ectoplasme du technosolutionnisme; la croyance que pour tout problème, même inexistant, il y a une solution numérique. Il sera certainement coûteux et ardu à sécuriser, ne serait-ce que pour éviter qu’un registre numérique de qui a signé quoi ne tombe entre de mauvaises mains. Mais, surtout, il n’aura au final qu’un impact limité sur les fraudes. En raison de la fracture numérique, à moins de vouloir exclure une partie du corps électoral du mécanisme de sa propre convocation, il ne faudra pas de récolte entièrement numérique. Le papier va donc subsister. Et avec lui les risques de faux paraphes. Rien n’empêchera une entreprise peu scrupuleuse de collecter des signatures avec des arguments fallacieux ou de remettre des signatures non valables ou, pire, contrefaites.