L’impact global des prochaines élections américaines
CHRONIQUE. Une présidence Trump serait synonyme de ruptures et d'imprévisibilité, mais même avec Kamala Harris, les alliés des Etats-Unis doivent s'attendre à devoir faire plus d'efforts, écrit l'ancien ambassadeur François Nordmann
Incidences
Ancien ambassadeur, François Nordmann partage ses réseaux et ses infos sur les coulisses de la diplomatie tous les mardis.
Retrouvez toutes ses chroniques
Dans un peu plus d’un mois, nous serons fixés sur l’identité du futur dirigeant des Etats-Unis: l’impact de l’élection sur le monde sera plus déterminant que jamais. Les deux candidats ont une approche fondamentalement différente des relations internationales. Une présidence Harris offre plus de garanties de continuité avec la politique étrangère actuelle, mais avec des inflexions significatives: l’inexpérience de Kamala Harris dans ce domaine contraste avec l’autorité déployée par Joe Biden. Elle ne reprendra pas les options personnelles de l’occupant actuel de la Maison-Blanche, qui reflètent des choix et des affects qui lui sont propres, par exemple son attitude a priori favorable à l’Alliance atlantique ou son appui à la cause d’Israël. Mais si elle ne s’écarte pas de la ligne de son éventuel prédécesseur, elle témoigne d’une sensibilité qui la rapprocherait plutôt des positions de Barack Obama, plus retenu vis-à-vis des Alliés ou vis-à-vis d’Israël.
Le retour de Trump au pouvoir entraînerait une rupture: il imposera le caractère primesautier, souvent imprévisible, de son mode de fonctionnement et sa grille de lecture d’une diplomatie «transactionnelle». Il appliquera ses critères pour définir la nature des relations des Etats-Unis avec un pays: l’importance du surplus de la balance commerciale et les sommes consacrées au budget de la défense conditionneront les prestations américaines, on l’a vu par exemple avec la Corée du Sud. Alors que l’administration Biden a réparé et restauré les instruments de coopération multilatérale mis à mal par les décisions de Trump entre 2017 et 2020, il faut s’attendre, en cas de réélection de ce dernier, à une nouvelle attaque contre l’Accord de Paris et toute la politique de lutte contre le changement climatique, sans parler de l’ONU. Il supprimera dans le même mouvement les subventions destinées à «verdir» l’économie américaine. Un récent rapport du Centre d’études internationales et stratégiques, un centre de réflexion de Washington, livre à cet égard des pistes d’analyse intéressantes.
Le Temps publie des chroniques, rédigées par des membres de la rédaction ou des personnes extérieures, ainsi que des opinions et tribunes, proposées à des personnalités ou sollicitées par elles. Ces textes reflètent le point de vue de leurs autrices et auteurs. Elles ne représentent nullement la position du média.