The Cure, un magistral 14e album pour rompre 16 ans de silence discographique
Dans la foulée d’une longue tournée mondiale passée par Genève il y a deux ans, la bande à Robert Smith publie «Songs of a Lost World», un disque qu’on n’attendait plus
C’était il y a bientôt deux ans, le 6 novembre 2022. En ouverture d’un somptueux concert dans une Arena genevoise en mode noir c’est noir, The Cure offrait à entendre un nouveau titre, extrait d’un très attendu mais encore hypothétique nouvel album, espéré sans plus y croire depuis 2008. Le voici enfin, cet enregistrement longuement mûri, le 14e de la bande à l’inoxydable Robert Smith (avec à ses côtés comme seul autre rescapé des débuts le bassiste Simon Gallup) depuis Three Imaginary Boys. Un disque fondateur publié en mai 1979, ce qui fait de The Cure un des plus vieux vaisseaux appareillés durant la bouillonnante ère post-punk à naviguer encore fièrement. Et surtout à avoir (à peu près) su éviter de se laisser porter par les courants dominants pour ne suivre que sa propre boussole.
Songs of a Lost World, «chansons d’un monde perdu», comme pour souligner que le groupe peut en 2024 avoir quelque chose d’anachronique, est l’album qu’on n’attendait plus. Loin des pop songs gentillettes que le groupe a parfois pu proposer dans ses derniers albums, ce nouvel effort s’impose sans conteste comme son meilleur opus depuis Disintegration (1989). On y découvre des musiciens qui n’ont plus besoin de faire des concessions, qui peuvent se contenter de ne proposer «que» huit nouveaux morceaux, mais qui, loin de l’idée que la concision est un bon moyen de marquer les esprits, durent pour la majorité d’entre eux entre 5 et 10 minutes.